C`est pas moi qu`il faut manger!

C’était une nuit sans lune… L’horloge sonna UNE HEURE DU MATIN… DONG! Soudain, Mathéo se réveilla effrayé. Il avait entendu un bruit derrière la porte, là où les manteaux étaient suspendus. Il regarda dans cette direction, mais il ne vit qu’une ombre… Il ouvrit grand les yeux, sans ciller, et l’ombre se transforma en un… MONSTRE!

Dans A mí no me comas !, Margarita del Mazo s’est inspirée de ses propres expériences, en particulier du malaise que lui causait l’obscurité lorsqu’elle était enfant. Dans cet album, les enfants effrayés par cette peur ou d’autres seront soulagés de voir qu’ils ne sont pas les seuls pour qui les ombres se transforment en monstres affamés, comme c’est le cas pour le personnage principal. « Il m’a été facile d’écrire cette histoire. Il m’a suffi de me rappeler que je me cachais sous les couvertures et que j’appelais ma mère, héroïque chasseuse de monstres et douce gardienne de mes rêves », avoue avec affection l’auteur de Mosquito et de La mascara del león (Le masque du lion).

Les peurs des enfants font partie de l’évolution et, par conséquent, elles tendent à disparaître au fur et à mesure que les enfants grandissent. Les histoires de monstres, de sorcières ou d’êtres terribles jouent un rôle important pour surmonter ces peurs. Ainsi, les peurs prennent forme et se personnalisent, ce qui aide à les surmonter. Quoi qu’il en soit, les parents jouent toujours un rôle important dans cette victoire. Mateo n’ose avouer à sa mère ce qui lui arrive que parce que, jusqu’à présent, il a recouru à la ruse, convainquant son chien, son petit frère et sa tante de dormir avec lui. C’est un recours courant chez les jeunes enfants, qui craignent d’être ridiculisés.

-J’ai peur, maman. Derrière la porte, il y a un monstre rouge qui veut me manger.

-Doucement, Mateo. Je reste avec toi, mais les monstres n’existent pas.

La surprotection et la lâcheté des enfants sont des attitudes qui peuvent enraciner le problème et accentuer la peur. La mère de Matthew ne se moque pas de lui : elle lui donne confiance et le comprend. Il ose enfin affronter le terrible monstre rouge, dont il a réussi à se libérer toute la nuit, en offrant astucieusement tous ses compagnons pour éviter d’être mangé.

Margarita del Mazo crée un personnage insolent et rusé, qui suscite chez le lecteur une sympathie et une complicité qui se transformeront en tendresse et en admiration lors de la démonstration finale de bravoure.

Je n’ai pas peur de toi, et tu n’es pas terrible… Tu es juste un… tu es juste un… tu es juste un… tu n’es pas terrible ! Rendez-moi toute ma famille tout de suite… Et n’oubliez pas mon ours en peluche !

Vitali Konstantinov a donné forme, par l’image, à l’angoisse du protagoniste. Ce faisant, il a tenu compte de trois postulats de base : maintenir le rythme de la narration ; respecter l’abstraction du texte en termes d’espace, afin de ne pas limiter l’imagination du lecteur ; et contribuer par l’image à créer un album de la « peur ». Les illustrations sont réalisées au crayon graphite et aux crayons de couleur clairs (blanc, ivoire et crème) sur papier rouge. « J’aime cette technique parce que c’est une façon spontanée et immédiate de dessiner », explique l’artiste ukrainien, qui vit en Allemagne. « Cette technique traditionnelle, rappelle Vitali K., a été utilisée, entre autres, par Dürer et Léonard de Vinci. Après plusieurs essais et expérimentations techniques, l’illustrateur a décidé d’utiliser la couleur du monstre comme fond pour l’ensemble du livre. Par ce choix, il souligne sa volonté de créer un album effrayant ; mais si le rouge est associé au danger, il symbolise aussi la passion, l’énergie, la force ….. Et il ne manque rien de tout cela pour que Mateo puisse vaincre le monstre !

Auteur Margarita del Mazo
Illustrateur Vitali Konstantinov