Devant la maison il y avait un jardin.
Devant ce jardin il y avait un arbre.
L’arbre était très grand.
C’était l’arbre préféré de l’enfant terrible
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Devant la maison il y avait un jardin.
Devant ce jardin il y avait un arbre.
L’arbre était très grand.
C’était l’arbre préféré de l’enfant terrible
L’enfant passait des heures perché sur un grand arbre. De la fenêtre, sa mère lui criait : tu es un enfant terrible ! Il entendait cela tous les jours de l’année, tant et si bien qu’il en oublia son propre nom. Mais un jour de mai, l’enfant terrible trouva dans la cime de l’arbre un petit œuf d’oiseau… Quand on cherche à définir son identité, son propre nom aide à répondre aux questions : qui suis-je ? qui sommes-nous ? L’absence de nom, comme c’est le cas du héros de cette histoire, suppose un changement d’identité, exister seulement à travers un adjectif péjoratif que les autres utilisent pour penser à lui. L’enfant terrible ne reçoit que des reproches et il ne découvre l’affection que lorsqu’il observe les mères traiter leurs enfants avec amour. L’enfant terrible prend alors conscience d’une affection qu’il n’avait jamais ressenti comme étant un besoin primaire, indispensable à sa survie. Comme Côme, le baron perché d’Italo Calvino, le héros de cette histoire installe depuis sa position surélevée une certaine distance avec un monde qu’il ne comprend pas ; une distance qui lui donne une certaine liberté et une perspective du monde, des personnes et des évènements depuis laquelle il peut tenter de se reconstruire. Un livre sans âge, qui apporte matière à réflexion sur l’importance de l’affection et souligne des détails qui passent souvent inaperçus et qui, pourtant, participent à la construction de la personnalité de l’individu. En jouant avec un bi-chromatisme de noirs et de rouges, Susanne Janssen nous présente un imaginaire narratif très particulier avec des raccourcis et des perspectives improbables. L’illustratrice travaille en détail la psychologie des personnages, en combinant la dureté et la douceur dans les visages, dont les regards ont une importance capitale. Sans doute, un travail plastique de grand impact et de grande force expressive, qui ne laisse pas indifférent le spectateur.
Texte d’Anna Castagnoli
Illustrations de Susanne Janssen
Traduction de Julien Palier